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A liquid meditation (version française) par Nigel Roth

Dernière mise à jour : 10 avr. 2021



Nous sommes en 340 après J-C.


Constantinople est devenue la plus grande ville de la planète sans Starbucks ou McDonald's. Constantin II s’en prend à son frère, Constant I, parce qu'il lui a volé son nom, et se fait malheureusement assassiner au cours des escarmouches qui s'ensuivent. Wulfila, dans l’ignorance de ce qui précède, prêche l'Évangile et les enseignements de Jésus-Christ aux Goths, le peuple germanique du nord du Danube, et non pas le groupe de sorciers D&D qui se balade devant la friterie de la rue principale de mon quartier le samedi, malgré le confinement.


Quelque part, dans le terroir parfait d’un petit village, du raisin est récolté et broyé. Il est destiné à l'art ancien de la vinification. La fermentation, le pressurage et le vieillissement viendront ensuite et, à la fin de ce merveilleux processus, assurément un don de Dieu, le vin coulera.


Dans ce cas, dans une bouteille, qui sera peut-être présentée cérémonieusement comme cadeau lors d'une soirée de remise de toge, ou peut-être simplement remise à un noble romain de quelque rang, la paume tendue en attendant le paiement dans un cliquetis de siliqua.


Mais ce noble, que nous appellerons Marcus Mamercus, parce que cela aurait fait sourire ses voisins romains, ne boira pas cette bouteille particulière car, pour une raison quelconque, il choisit de conserver ce millésime pour une autre occasion, dans un avenir auquel nous allons être associés.


Tout comme aurait pu être associé, j'imagine, l'acheteur d’une bouteille du Domaine de la Romanée-Conti de 1945, qui a changé de mains pour plus d'un demi-million de dollars, en 2018. Si c’était si cher, c’est parce que c'était la dernière année de récolte du raisin des plus vieilles vignes de la cave, et l'une des six cents bouteilles produites à une époque où la fabrication de vin n'était pas vraiment en tête de liste des priorités, juste après le fait d'éviter les nazis et les fascistes ou de survivre à une guerre mondiale.


Contrairement à cet extraordinaire Bourgogne, le vin de Marcus Mamercus a été mis en bouteille dans un contenant d'un litre et demi, scellé avec un "bouchon" de cire imbibé d'huile d'olive, afin d'empêcher l'air d'entrer et le vin de sortir. Bien sûr, les Romains n'utilisaient pas de trichloroanisole dans leurs bouchons comme nous le faisons maintenant, ce qui aurait au moins empêché le redoutable goût de bouchon, mais, à l'inverse, n'aurait en rien aidé à soigner les verrues génitales.