Et si nous devenions tous des e-citoyens et des e-citoyennes du monde ? par Jérôme Berthier
Dernière mise à jour : 3 mars 2021

À l’ère du tout numérique, il paraît évident que même notre propre identité devrait être digitalisée. Nous avons déjà largement fait le pas sur bien d’autres pans de notre vie privée, quelque fois sans même nous en rendre compte. Quand avez-vous pour la dernière fois envoyé une lettre manuscrite à une connaissance pour prendre de ses nouvelles ? Combien parmi vous, se connectent déjà sur des sites web en utilisant un identifiant Facebook ou Google ? Le paiement sur internet est devenu monnaie courante et ce phénomène s’est accéléré avec le COVID.
Mais alors, pourquoi nos gouvernements sont-ils à ce point en retard sur ces questions d’e-passeport ?
Peut-être que, bien que légitime, la question de la protection des données - utilisée trop souvent à tort et à travers comme étendard par des personnes non initiées - est devenue trop envahissante au point d’en être paralysante. Plus personne n’ose prendre de décision par crainte de se faire taper sur les doigts.
Ne nous tromperions-nous pas cependant de combat ?
Le nombre d’abonnés de Facebook, Instagram et LinkedIn n’a pas désenflé, même après un scandale comme celui de Cambridge Analytica. Quand un abonné quitte l’un de ces réseaux sociaux, c’est pour s’engouffrer dans un autre.
Disons-le clairement, en réalité tout le monde se moque de ses données lorsqu’il s’agit d’aller voir les photos de quelqu’un (par plaisir ou voyeurisme), de montrer au monde entier comme sa vie est extraordinaire en postant dès les premiers flocons de neige une photo de soi, ou alors simplement pour aller visiter des sites pour adultes (environ 40% du contenu web est à caractère pornographique).
Mais quand il s’agit de choses vraiment utiles au quotidien, comme accéder aux transports en commun, régler ses impôts, suivre les résultats des enfants à l'école, effectuer une demande administrative ou dématérialiser son dossier patient et le partager, on assiste à une levée de boucliers sur l’autel de cette protection des données, avec l’argument : « ils vont tout savoir sur moi».
Le 7 mars 2021, les suisses vont voter sur le passeport électronique. Les opposants à ce projet ne sont généralement pas contre le principe, mais plutôt contre le fait que des sociétés privées soient chargées de créer cette solution et potentiellement de l’administrer. Ils ont peur que nos données soient mal utilisées.
J’entends les peurs mais, n’est-ce pas déjà trop tard ? Aujourd’hui quand vous souhaitez ouvrir un compte en banque, louer un appartement ou prendre un abonnement téléphonique, vous devez déjà quasiment dévoiler l’ensemble de votre vie privée avec votre statut familial, vos fiches de paie et vos extraits de casier judiciaire. Le « droit à l’oubli » existe bel et bien mais il n’est que peu connu et encore moins appliqué.