top of page
Rechercher

Il s’appelait Gabriel par Katia Elkaim

Dernière mise à jour : 4 mars 2021



Un de ces soirs, après avoir longuement hésité entre ne pas aller au restaurant ou ne pas aller au cinéma, je me suis rabattue sur un documentaire. Bien que la bande-annonce m’ait prévenue de la dureté de ce que j’allais voir, je n’y étais pas préparée.

En avril 2013, dans le sud du Comté de Los Angeles, un petit garçon de 8 ans, Gabriel Fernandez est mort sous les coups de sa mère et de son beau-père.

Un enfant en pleine santé a cessé d’exister.

Un gamin a eu atrocement mal pendant les huit mois qu’ont duré les tortures qu’il a subies.

Et soudain, le réchauffement planétaire, le COVID, la course au vaccin, le Président des États-Unis et l’économie mondiale ont été dégradés au rang d’anecdotes insignifiantes.

La justice a fait son œuvre et condamné les auteurs de ce crime abject avec la plus grande sévérité, mais finalement vous serez d’accord avec moi pour dire que cela nous fait une belle jambe, parce que Gabriel, 8 ans n’est plus vivant.

Pourquoi ne voit-on pas que la protection des enfants maltraités et la prévention des violences doivent être la priorité des priorités ? Je vous entends déjà me dire que ça l’est, que depuis 2016, dans le Comté d’Allegheny en Pennsylvanie, les assistants sociaux sont aidés dans leur décision de suivi par un algorithme prédictif. Apparemment la ville de Bristol en Angleterre s’y serait aussi mise.

Savez-vous qu’en 2003, en Suisse, on comptait 0,8 décès d’enfants battus pour 100'000 habitants ? Visualisez ce chiffre. Il signifie que pour une ville comme Lausanne et sa banlieue immédiate, entre 2 et 3 enfants de moins de 15 ans sont tués par leurs propres parents chaque année. Aux États-Unis, ce chiffre monte à 7 enfants pour une population équivalente à celle de la capitale vaudoise.

La vérité c’est que les moyens financiers et humains ne seront jamais suffisants pour assurer de manière efficace la protection à laquelle ces enfants ont droit.

Et puis, on vous expliquera, comme on me l’a expliqué, que c’est plus compliqué que cela, que chaque situation doit être examinée avec délicatesse, car le retrait d’un enfant de son foyer est aussi un traumatisme, blabla bla…

Faire le bien de l’enfant demande sans aucun doute beaucoup de doigté et de nuances. Comment traiter le cas de ces gamins plongés dans des foyers dysfonctionnels mais pseudo-aimants ? Jana, 7 ans fait la tournée des bars avec son père presque tous les soirs, pendant que sa mère, prostituée, travaille de nuit. Quand elle tombe de sommeil, elle demande à rentrer mais son père la traite de mauviette et se désintéresse d’elle, jusqu’à ce qu’elle s’écroule sous une table. Oscar se fait raser la tête par son père à chacun de ses droits de visite, parce qu’il déteste les cheveux longs, défiant par ce biais la mère de l’enfant. Arthur, 12 ans, n’a pas de lit à lui et dort tantôt avec sa sœur, son frère ou sa mère, au gré des places libres.

Comment un assistant social d’ici ou d’ailleurs procède-t-il à ses évaluations ?

Prenons un exemple : Un enfant rapporte à son enseignante avoir vu le compagnon de sa mère la pousser et la traiter de « pute ». L’enseignante, alertée, signale l’enfant à son service de protection de l’enfance local. Une assistante sociale introduira le nom de l’enfant dans sa banque de données, ou cherchera si un d