L’effet Titanic ou les méfaits de la pensée magique par Katia Elkaim
Dernière mise à jour : 2 mars 2021

Il est dans la nature humaine de se projeter en grand et c’est plutôt bien lorsqu’il s’agit des pyramides ou de la grande muraille de Chine, encore que les dix millions d’ouvriers tués à sa construction aient dû être d’un tout autre avis. Je pensais ce matin en particulier à ces réalisations majestueuses qui ont fini par tourner mal. Prenons l’exemple du Zeppelin, le Hindenburg, dont on sait la destinée fatale en ce 6 mai 1937 : Une série d’événements imprévus, un « atterrissage » dans la précipitation, des passagers renommés, le couronnement du Roi George VI en perspective et évidemment une foule compacte pour assister au désastre.
Qui dit exploit, dit aussi souvent aveuglement et, la question qui turlupine, est celle de comprendre par quel ressort mental, ceux qui sont aux commandes passent outre les mesures à prendre, évidentes a posteriori pour toute personne à peu près sensée.
La réponse tient en quelques mots : la pensée magique !
Vous connaissez tous ce processus psychologique par lequel on s’octroie le pouvoir de créer, modifier ou éviter des incidents. On pourrait dire que la pensée magique permet d’échapper à l’angoisse du pire par la croyance en notre toute puissance sur le cours des événements. En substance, mieux vaut être dans l’erreur que dans l’incertitude.
La pensée magique a quelque chose de mignon chez la fillette qui se convainc que si elle le veut assez, au matin, elle se réveillera sirène, mais quand le même processus intellectuel intervient chez un capitaine de navire ou un chef d’état, le citoyen a de quoi se faire du souci et les exemples sont multiples.