top of page
Rechercher

Le Faux-bond par Robert Yessouroun




Dehors, le vent froid de l’Oklahoma ballotait les décorations de Noël du petit village de Medford. Dans l’urgence, toute la famille Goodwin était rassemblée autour de la table ronde de la salle à manger. Le chien gémissait, couché sur une laine.

‑ Il va falloir nous montrer courageux, déclara le père, après un long soupir.

Ni les trois enfants, ni les grands-parents (du côté de la mère) n’osaient prendre la parole, tant l’ambiance était lourde et sévère. Comme son mari, l’épouse avait obtenu un congé exceptionnel, vu la gravité de l’épreuve. Après une respiration difficile, elle finit par annoncer :

‑ Nous avons une mauvaise nouvelle. Une très mauvaise nouvelle.

Long silence. Regards latéraux furtifs…

‑ Quelle tuile, encore ? maugréa le grand-père.

‑ Il est où, Robur ? lança Nancy, l’aînée, sans réfléchir.

‑ Justement, ma chérie, lui répondit la mère, notre robot domestique…

‑ Il s’est fait la malle ? railla le papy.

‑ Il n’est pas en panne, tout de même ? s’inquiéta la mamy.

Trop contrarié, le père trancha :

‑ Notre androïde multitâche n’est plus parmi nous.

Les « Quoi ? » rivalisèrent avec les « C‘est pas vrai ! »

‑ On l’a kidnappé ? demanda Ted, le jumeau de 10 ans.

‑ Mon frangin l’a fait fuir ? supposa Diana, sa jumelle.

‑ Et le contrat ? s’exclama le grand-père en tapant du poing contre la table.

La mère se pinça les lèvres.

‑ On ne sait pas ce qu’il est devenu, sauf que…

‑ Sauf qu’il nous a laissé un message laconique, acheva le père.

‑ Un message conique ? crut répéter Ted.