Pour un seul gène par Nigel Roth
Dernière mise à jour : 2 mars 2021

En 1752, Marie-Thérèse Walburga Amalia Christina, seule femme à la tête de la monarchie des Habsbourg, décida que son amour pour les animaux (à peine moins intense que la fascination érotique de Catherine la Grande pour les chevaux) était trop grand pour qu'on l'ignore.
Mais, plutôt que de s’installer dans un carrosse pour leur rendre visite, la sainte impératrice romaine préféra importer les sujets de son désir à Vienne. C'est ainsi que fut fondée la ménagerie impériale dans les jardins du glorieux château de Schönbrunn.
Dans ce moment singulier de jubilation humaine et de salissure animale métaphorique, le zoo moderne naquit.
Et nous sommes allés depuis aux quatre coins du monde, en collectionnant et en exposant des spécimens de diverses espèces, tels des oiseaux-jardiniers. Nulle part les animaux étaient à l'abri du filet tentaculaire du chasseur.
Certains, comme Frank Buck, se sont fait un nom et une fortune en puisant dans le vivier débordant de la nature. Pendant ses années de chasse, Buck aurait capturé (dans d'énormes sacs, probablement) cent vingt antilopes et cerfs d'Asie, cent gibbons, nonante pythons, soixante-trois léopards, soixante tigres et soixante ours, cinquante-deux orang-outang, quarante-neuf éléphants, quarante kangourous et/ou wallabies (il n'était pas sûr mais ils sautaient), quarante chèvres et moutons sauvages, vingt-cinq lézards géants, vingt hyènes et vingt tapirs, dix-huit antilopes africaines, quinze crocodiles, onze chameaux, dix cobras royaux, neuf buffles d'eau pygmées, cinq porcs sauvages asiatiques Babirussa et cinq rhinocéros indiens, deux girafes, un couple de bisons indiens, plus de cinq cents espèces différentes d'autres mammifères et plus de cent mille oiseaux sauvages.
Les animaux qui déambulaient autrefois en paix dans les prairies du Serengeti ou qui se balançaient effrontément dans les arbres, au plus profond des forêts tropicales du Congo, ou encore qui traversaient les broussailles semi-arides de l'interminable désert de Simpson ne le faisaient plus. Enfermés, ils étaient assis quant ils ne chiaient pas dans leur froc ou étaient sur le point de rendre l’âme.