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Qui parle du nez par Katia Elkaim

Dernière mise à jour : 2 mars 2021


« Notre langage ne vaut rien pour décrire les odeurs. » Patrick Süskind, Le Parfum.


La première odeur qui m’a percutée ce matin était celle, douce et ronde, un peu laiteuse de mon chiot venu me réveiller avec ses baisers. Cette fragrance a instantanément induit chez moi un instinct de protection et l’envie de plonger mon visage dans la petite fourrure. Puis, j’ai repensé à mon vieux bouvier bernois qui faisait pareil avec son haleine de bouche d’égout et à ma répulsion, alors même qu’il était le chien le plus affectueux du monde.


Depuis toujours, l’olfaction a joué un rôle de premier plan dans ma perception du monde ; sentir n’importe quel objet avant de m’en servir, détester les endroits très parfumés et m’enfuir loin des WC publics a toujours fait partie de mon quotidien.


Un jour de grande sinusite, j’ai perdu le sens de l’odorat et, miracle, mon esprit s’est soudain apaisé, comme si, privé d’odeurs, il pouvait se mettre en partie au repos. Ce répit n’a duré qu’un temps, le temps que je m’aperçoive que je ne sentais plus les fleurs non plus, ni mes enfants, ni l’émotion d’un compagnon.


Sans sentir, je ne sentais plus rien.


Alors, imaginez mon intérêt lorsque j’ai entendu parler ce matin du projet Odeuropa. Financé à hauteur de 2,8 millions d’euros, cette initiative vise à reproduire par le biais de l’intelligence artificielle les odeurs et à les conserver, comme patrimoine culturel à destination des générations futures.


Des chimistes et parfumeurs vont ainsi recréer, grâce à des indications trouvées dans des textes historiques ou des peintures, des odeurs carac