The Pure, The Bright, The Beautiful (version française) par Nigel Roth

Lorsque nous regardons des photos de personnes nées il y a plus de deux cents ans, nous instaurons une certaine distance que ne parvenons pas à combler, car ces gens ont tout simplement vécu il y a trop longtemps.
Dans la plupart des cas, l’obligation de rester parfaitement immobile pendant un long moment pour que la photo ne soit pas floue, avait pour conséquence que le sujet prenait souvent une apparence étrange. Des yeux légèrement fixes, une face austère, un regard confus, voire un air effrayé. Aucun de ces éléments pourtant n'est sans doute un reflet fidèle de la personnalité du modèle.
Et puis il y a cette photo, prise vers 1860, de Stephen Collins Foster, qui montre plus clairement que toute autre photo qu’il m’ait été donnée de voir, un homme tourmenté.
Alors que les célébrations du 4 juillet déferlaient sur la nation américaine juste quinquagénaire, Foster naissait, devenant le plus jeune de dix enfants. Ses parents avaient émigré d'Écosse vers l'ancienne province septentrionale d'Ulster, où se trouve aujourd'hui l'Irlande du Nord, puis vers le Commonwealth de Pennsylvanie, où il a grandi, fréquentant des écoles au nom du fondateur William Penn, dans lesquelles il a appris la grammaire et la diction, le latin et le grec, ainsi que la calligraphie.
On sait peu de choses sur les débuts de Foster, si ce n'est qu'il était bon élève, jouait de la clarinette, de la guitare, de la flûte et du piano, mais pas en même temps (pour autant que je le sache), et que lorsqu'il est arrivé à Towanda, au nord-ouest de Wilkes-Barre, sur la rivière Susquehanna, dont le nom en algonquin signifie joyeusement "cimetière", pour suivre une formation d'ingénieur avec son frère Bill, il en est reparti aussi vite. Il préférait apparemment l'excitation et les perspectives de Pittsburgh, dans les années 1830, à la routine laborieuse de la plupart des autres villes de Pennsylvanie, dont nous n'avons probablement jamais entendu parler, et ce pour de bonnes raisons.
Mais Pittsburgh se révÃ