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Une course contre la montre par Katia Elkaim




Qui a oublié les 24 heures chrono qui s’égrenaient en 60 minutes pile ? Une bonne heure haletante, frénétique qui laissait néanmoins un sentiment d’épuisement pour tout viatique.


Remplacez Jack Bauer par Alain Berset, Boris Johnson, Emmanuel Macron et les autres dirigeants et tous les ingrédients y sont : Un héros émotif, dédié, parfois brutal ; un héros capable de perdre ses nerfs, un homme excessif qui se met à dos sa propre agence et risque à tout moment de se faire virer.


Comme dans tout bon scénario, il faut désamorcer une arme, si possible biologique, qui a pour vocation d’anéantir la planète, un engin de mort disséminé par un ennemi que l’on a du mal à identifier au début mais finit par se révéler dans les quelques minutes avant la fin, ce qui donne lieu à une course-poursuite effrénée où tous les moyens sont permis.

Dans notre histoire, l’ennemi s’est révélé : Le non-vacciné !


Je ne sais pas qui est l’auteur de ce synopsis mais franchement, il craint !


Oui, je pense que la vaccination est nécessaire. Non, je ne crois pas que les dirigeants de tous les pays du monde ont décidé, dans un élan mondial, de défendre tout à coup une dizaine de firmes pharmaceutiques, quand il existe de nombreuses autres industries qui pourraient se montrer jalouses d’un tel favoritisme.


Non, je ne crois pas non plus que des esprits, sinon supérieurs, du moins très secrets sont en train de nous concocter sciemment un nouvel ordre mondial en éliminant de la planète les populations en les vaccinant avec un produit létal.

Oui, je suis vaccinée triplement et j’ai, malgré cela, attrapé le Covid et, oui toujours, je suis convaincue que mes vaccins m’ont protégée d’une potentielle forme grave de cette maladie.


Comme vous tous, je constate les dissensions que cette pandémie a créées et comme vous, j’ai choisi mon camp.


Mais arrêtons-nous deux minutes : La planète est envahie par ce nouveau variant dont le nom nous fait penser à un mouvement innovant dans l’horlogerie.

Les premières constatations font état d’une transmission sans précédent mais d’une virulence bien moindre. La courbes des hospitalisations ne suit pas la courbe de contagion et d’aucuns, parmi les spécialistes, envisagent avec toutes les précautions de langage, la fin de cette pandémie.


D’ailleurs, nos Jack Bauer ne s’y trompent pas. C’est à qui décide d’ouvrir les frontières, de supprimer les tests pour voyager, de raccourcir la durée des quarantaines, voire même de les rayer pour ceux qui sont asymptomatiques.


Comment interpréter cette volte-face ? A-t-on des dirigeants qui ont perdu pied et renoncé à se battre ? Jack Bauer est-il inconscient au fond d’une cave d’un immeuble en chantier, attaché à un pilier rouillé qui goutte en attendant qu’une plaque de C4 explose ?

Le compteur tourne, nous arrivons tranquillement à la fin de l’épisode. Dans la salle de contrôle de l’agence, les spécialistes tech suivent l’état du monde en redirigeant frénétiquement tous les satellites.


Approche-t-on de l’épilogue qui passe, on le comprend enfin, par la transmission massive de ce virus au plus grand nombre pour atteindre cette immunité collective tant attendue.


Et lorsque l’on aura neutralisé tous les porteurs de l’arme létale, il n’en restera plus qu’un : le non-vacciné qui pourrait favoriser, pense-t-on, une nouvelle mutation avant cette délivrance générale tant attendue. Alors oui, c’est une vraie course contre la montre.


Sauf que, la moitié du monde n’est pas vaccinée, et pas par choix.


Sauf que, lorsque des États prennent des mesures irrationnelles à l’encontre des non-vaccinés, comme leur interdire l’achat d’alcool au Québec ou comme admettre que l’on puisse licencier du personnel pour ce motif seulement, ils ont perdu de vue un principe général lié à l’exercice des libertés publiques, le principe de proportionnalité qui veut que parmi toutes les mesures envisageables, on choisisse toujours la plus douce selon l’adage bien connu des constitutionnalistes : on ne tue pas un corbeau avec un canon !


Nos Jack Bauer ont réussi à se libérer et cassent la gueule allègrement à un ennemi désigné, sans prendre la peine de savoir s’il sait quelque chose ou peut empêcher quoi que ce soit.


Ils lui cassent la gueule parce qu’il était du côté des méchants et qu’on ne peut le lui pardonner, parce que lorsqu’on lui parle, il ne se repent pas, bien au contraire, et brandit un poing levé en affirmant haut et fort qu’il avait raison.


Nous sommes sortis de la prévention pour entrer dans la rétorsion.

Et cela, en démocratie, c’est inacceptable !


Si l’on veut que les gens se vaccinent, alors assumons-le et imposons la vaccination sauf contrindication médicale.


À vous, les non-vaccinés, je dis que je ne suis pas d’accord avec vos postures et vos analyses paranoïaques ; mais je vous dis aussi que je me tiendrai à vos côtés pour défendre un État de droit juste et proportionné, dénué de vindicte, parce qu’il en va de notre avenir libre à tous.

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